L’Envol du Hibou Noir
Voici une petite nouvelle / fan-fiction se déroulant dans l’univers de Pulp City. Écrite dans le cadre d’un concours pour Warmania, je la reproduis ici pour faire vivre un peu le blog et apporter un peu de nouveautés.
Si vous êtes intéressé pour participer de cette manière ou d’une autre à la vie du blog, n’hésitez pas à m’adresser un message.
Tommy regarda une dernière fois derrière lui. Les murs de sa chambre étaient recouverts des posters de ses héros : Dead Eye, C.O.R.E., Crimson Phoenix. Tous en action sous les objectifs des reporters du magazine Supremes Live!. Il y avait même l’agrandissement d’une photo du terrifiant Dr. Tenebrous affrontant les membres du Blood Watch sur la porte. Des figurines articulées s’entassaient sur ses étagères. Depuis des années déjà, Tommy vivait au milieu des Supremes. Il en avait même vu quelques-uns l’été dernier alors qu’une bataille avait fait rage dans les rues et les airs de Pulp City.
Aujourd’hui, tout cela allait changer. Il allait en faire partie. Il allait devenir un Supreme !
Il referma doucement sa fenêtre, pour ne pas alerter ses parents, et remonta jusqu’en haut la fermeture éclair de son blazer. Il descendit l’escalier de secours jusqu’à la ruelle en bas de son immeuble. Il devait encore prendre le bus, puis le métro et encore le bus jusqu’au quartier des docks. Ensuite il pourrait vraiment se changer.
Durant le long trajet, son esprit divagua vers un futur possible, où des enfants accrochaient un poster représentant son alter-ego, où des figurines à son effigie s’arrachaient à Noël, où il était invité aux soirées du Golden Plaza en compagnie des Supremes du Heavy Metal.
Tommy trouva une ruelle dans le quartier des docks pour se changer. Il laissa tomber son blazer et enleva son pantalon baggy bien trop large. Sa tenue noire et blanche était déjà enfilée en dessous. Il ne s’agissait pour l’instant que de lycra achetée dans un magasin de sport, moulant avec peine son corps malingre. Mais, une fois sa renommée faite, il n’aurait pas de mal à en acquérir une plus performante et plus stylée. Il enfila son masque, customisé à partir d’un masque de catcheur mexicain. Le Hibou Noir était dans la place !
Le stress commençait à le gagner, mais tout était prêt pour son premier exploit. Il sortit de son étui l’oreillette qu’il avait passé des semaines à confectionner. À la suite des affrontements de l’été dernier, Tommy avait trouvé une pierre étrange dans les décombres d’un immeuble où Sanguine et Wonder Wight avaient affronté Rook et Francis Gator. Jouant constamment avec cette pierre qu’il gardait dans sa poche, il avait remarqué qu’elle lui donnait une sorte de pouvoir de persuasion : il avait pu faire croire à Madame Pedang qu’il avait bien rendu son devoir de géographie, et avait obtenu une note satisfaisante sans jamais avoir écrit un mot. Il avait convaincu Tee et sa bande de le laisser tranquille, alors qu’ils le martyrisaient depuis des mois. Et enfin, il avait convaincu ses parent d’enfin lui acheter sa Playstation 4 !
Il avait relié la pierre à une oreillette bluetooth pour garder les mains libres, et samedi dernier il avait réussi à arracher un baiser à la jolie Rosie, la voisine du second ! Cela fonctionnait ! Aujourd’hui, il allait convaincre un Supreme criminel de se rendre, et il deviendrait célèbre !
Quelques semaines plus tôt, par un ami de sa mère livreur de pizzas, Tommy avait appris que le dénommé Cro Mag se cachait dans un entrepôt abandonné des docks. La bonne affaire ! Il n’avait pas l’air très malin, et serait facile à manipuler avec son nouveau pouvoir ! Il suffisait de le faire sortir, de lui demander de se rendre, et le tour serait joué. Tommy avait prévenu un paparazzi du Supremes Live! pour immortaliser cet instant. Et, pour l’aider dans sa tâche à neutraliser le colosse, il avait engagé les services de Gentleman. Une amie de madame Cortez, la concierge de l’immeuble, connaissait quelqu’un pouvant le contacter. Tommy avait pu avoir un numéro, et Gentleman avait accepté de l’aider pour 200$. Toutes ses économies, mais cela valait le coup. Il avait même pu rencontrer Gentleman au détour d’un café l’autre soir ! Il acceptait de décocher une balle neutralisante sans se faire repérer, pour laisser tout le crédit à Tommy. Parce que la saison était calme, et qu’il falait bien commencer quelque part.
Tommy s’approcha de l’entrepôt. Il y avait du bruit à l’intérieur. Cro Mag devait s’y trouver, comme prévu. C’était normalement l’heure de la livraison des pizzas. Le Hibou Noir entra par la petite porte. Le colosse était là, à tourner en rond. Il se retourna à l’entrée de Tommy, et le dévisagea, l’air mauvais. Tommy suait dans sa combinaison. Il ne l’imaginait pas aussi grand.
“Suis-moi à l’extérieur, géant.”
Cro Mag ne bougea pas. Tommy réitéra son ordre, triturant son oreillette, haussant la voix. Le colosse commença à grogner.
“Faim !”
Tommy paniqua. Le plan ne se déroulait pas du tout comme prévu. Il fit volte-face et sortit précipitamment. Le soleil à l’extérieur l’aveugla. Gentleman devait se trouver là-haut, sur un des immeubles proches, et si Cro Mag le suivait, il le neutraliserait facilement. Le mur de l’entrepôt derrière Tommy éclata et laissa passer un Cro Mag en colère.
“FAIM !” hurla le colosse. Tommy, malgré le stress et la peur, prit une pose d’attaque psychique ridicule, et affronta du regard Cro Mag. Le paparazzi ne devait pas être loin, et le Hibou Noir devait être vu comme maîtrisant la rencontre. Gentleman ne devrait pas tarder à agir.
Dans la chambre de Tommy, sur son bureau, son téléphone vibra quelques instants après qu’il soit sorti par sa fenêtre. Une notification apparut sur l’écran.
“Gentleman: Désolé Hibou Noir, mais un plus gros contrat à 10.000$ m’attend aujourd’hui. On peut remettre ça la semaine prochaine. Je suis toujours prêt à filer un coup de main aux petits jeunes. Salut gamin, fais gaffe à toi.”
Le lendemain, dans les kiosques, une photo du Hibou Noir entre les mains de Cro Mag, inconscient et désarticulé, fit la une du Supremes Live!. Une seconde photo, en pages intérieures, le montrait à quelques mètres de hauteur, après avoir été lancé par le monstre.
Par Nicolas « Gulix » Ronvel